Carte postale du brésil

Le Brésilien Paulinho Nogueira, monstre sacré de la bossa-nova, est mort le 2 août 2003 à São Paulo à l’age de 73 ans. Le guitariste Jo Vurchio devait le retrouver au Brésil. Un rendez-vous manqué qui, sur place, s’est vite mué en hommage. Témoignage. 

Toquinho et Paulinho Nogueira avaient donné  leur accord : il y aura une tournée en France. Toninho, ami d’enfance de Toquinho, et moi-même devions nous retrouver à São Paulo pour régler quelques détails le 12 août, mais surtout, pour donner quelques concerts. Toninho Ramos avait passé la matinée à jouer et à parler guitare avec paulinho.  » il est très important de jouer uniquement avec la pulpe des doigts de la main droite, cela vous donne un son plus naturel. Mais la seule manière de jouer la musique brésilienne est de la jouer avec son coeur et, pour cela, il faut aussi vivre avec son coeur. » Ainsi parlait ce mentor de la bossa. Deux jours plus tard, la nouvelle tombe: Toninho m’appelle du Brésil pour m’annoncer le décès de Paulinho. La soirée se passe dans le silence. Je rappelle Toninho le lendemain pour lui dire que l’on continue l’histoire…

La MPB au rendez-vous

Toninho et moi avions prévu de jouer dans le Minas Gerais, les terres rouges du Brésil de son enfance sur lesquelles il n’avait pas remis les pieds depuis trente ans (il vit actuellement en France). Quant à moi, depuis autant d’années à jouer de la guitare brésilienne, je prends conscience que je n’ai jamais été au Brésil. Le concert a lieu et prend des allures d’hommage à peine déguisé à Paulinho Nogueira, notamment lorsque je joue Bachianina, l’une de ses compositions. La chaleur humaine, l’énergie des Brésiliens, la samba, le tout saupoudré de saudade, pas de doute, nous sommes au Brésil. Un concert inoubliable par l’intensité de la complicité. A São Paulo, nous jouons dans un cabaret, le Villaggio Café, sorte de Petit Journal local où Paulinho s’est souvent produit avec d’autres grandes pointures de la Música Popular Brasileira (MPB). Tout le gratin des chanteurs et musiciens brésiliens est venu assister au retour de l’enfant prodige Toninho Ramos. Solo, duo… un hommage vibrant au disparu, Concert-émotion.

Propos recueillis par Jo Vurchio.